« Nous irons donc à l’essentiel » – Visite de Khen Rinpoché Samdup
Où l’érudition et la méditation se rencontrent
« Je suis bien conscient, à présent, que ma pratique du Dharma était fondée sur une foi aveugle, c’est pour cela que je me suis alors intéressé à l’étude de la philosophie bouddhiste. J’en suis arrivé à comprendre que c’est à travers l’étude et la contemplation que s’élève une foi basée sur la raison. » Extrait de la biographie de Khen Rinpoché Samdup. Il ajoute : « L’objectif principal du bouddhisme est d’atteindre l’état de libération et de complète omniscience ; le chemin qui permet de réaliser ce but est la conduite de l’amour et de la compassion, et de l’esprit d’éveil lié à la vue de la vacuité et de l’interdépendance. Je me sentais déterminé à m’appliquer à la pratique de l’étude, de la contemplation et de la méditation. »
C’est le fruit de cette détermination que partage Khen Rinpoché aujourd’hui ; des années d’études et de pratique auprès des plus grands maîtres, dans différents monastères et instituts au Tibet et en Inde, ainsi qu’au shedra de Dzongsar dont il est actuellement l’abbé.
« Ce qu’il dégage d’abord, c’est l’humilité, il n’est pas dans les apparences, il est disponible pour chacun, ni plus ni moins. » Bertrand
« Il est disponible et précis, son enseignement est sans dilution, ce qui permet d’approcher des notions complexes de manière assez accessible. » Sophie
« Son enseignement est sans fioritures, c’est comme si lui-même était sans importance tant il est centré sur le Dharma. Il est sans séduction. » Jean-Louis
Sa vie est, en effet, l’expression de l’étude et de la méditation : né au Tibet, Khen Rinpoché prend refuge à 7 ans et devient moine à 12 ; jusqu’à l’âge de 15 ans, il voyage avec son maître, Garchen Rinpoché, pour accomplir des cycles de rituels durant l’hiver et se mettre en retraite avec lui pendant l’été. Un peu plus tard, il reçoit les instructions essentielles sur la méditation de khenpo Munsel, un grand maître du dzokchen. Ensuite, après un long voyage à travers le Tibet, il rencontre khenpo Jigmé Puntsok dont il reçoit instructions, initiations et enseignements. Il reste auprès de lui pendant quatre ans. Après cela, il étudie encore la philosophie et la logique au shedra de Dzongsar et au Kagyu College en Inde. Finalement, la connaissance de Khen Rinpoché couvre les enseignements des quatre écoles du bouddhisme tibétain. Il a également rédigé un commentaire d’un des grands textes philosophiques de la lignée kagyü. Outre ses responsabilités de principal du shedra de Dzongsar, il est également l’enseignant du centre de Gar Drolma Choling, dans l’Ohio (USA).
Nous lui avons fait la requête d’enseigner sur les quatre Dharmas de Gampopa, qui décrivent les étapes d’un pratiquant sur la voie. L’enseignement une fois commencé, il précise : « Deux jours, c’est un peu court pour parler des quatre Dharmas de Gampopa, nous irons donc à l’essentiel. » Il explique alors qu’ils peuvent se formuler comme des souhaits : « Accordez votre bénédiction afin que l’esprit se tourne vers le Dharma, que le Dharma m’accompagne sur la voie, que la voie dissipe la confusion et que la confusion se transforme en sagesse. » Il a déployé le sens des quatre Dharmas de Gampopa comme une pratique progressive, d’abord sans entrer dans les détails, puis en reprenant les points essentiels.
Un cheminement en quatre étapes
Que l’esprit se tourne vers le Dharma
La première étape consiste à devenir un bon être humain dans la perspective d’obtenir une meilleure existence. Il s’agit d’avoir un comportement juste et positif et ne pas nuire aux autres. Cette démarche est bien sûr fondée sur la causalité, la réalité du karma.
Que le Dharma m’accompagne sur la voie
Nous comprenons ensuite que le samsara est de la nature de la souffrance et qu’il s’agit de s’en libérer. Il nous faut donc rassembler les conditions de la libération.
Que la voie dissipe la confusion
Cette fois, la démarche est plus vaste puisque nous y intégrons tous les êtres. C’est la voie du bodhisattva, qui se décline ici au niveau du comportement ou de la conduite. Il s’agit de mettre en œuvre les qualités qui éveillent (paramitas) comme la générosité, l’éthique, la patience, l’effort enthousiaste et la méditation.
Que la confusion se transforme en sagesse
Nous sommes toujours dans la démarche du bodhisattva, mais ici c’est la vue qui est mise en évidence. Il s’agit de comprendre que les phénomènes sont dépourvus d’essence, c’est l’approche de la vacuité. La vacuité dépourvue de caractéristiques, éprouvée par un esprit dépourvu de toute saisie.
Il pointe aussi les erreurs possibles afin que nous puissions les corriger. Il reprend l’exemple du serpent et de la corde. À cause de la méprise et de l’égarement, nous nous trompons sur les phénomènes, c’est comme si nous prenions une simple corde pour un serpent : nous prenons les phénomènes pour réels alors qu’ils sont vacuité. Méditer sur la vacuité de façon erronée consiste à se dire qu’il n’y a pas de serpent, la pratique devient alors un évitement. La vue juste de la vacuité consiste à allumer la lumière et à voir directement que la corde n’est pas un serpent, mais une simple corde. Khen Rinpoché a également beaucoup parlé du refuge, de la motivation et de la dédicace ; il a également pointé le fait que certains actes nuisibles sont accomplis sans même que l’on s’en rende compte.
À la fin des deux jours, sympathisants et bouddhistes, pratiquants et non-pratiquants, chacun a pu trouvé ce dont il avait besoin pour mettre en oeuvre le Dharma dans sa vie quotidienne. L’avis est unanime : il faudra que Khen Rinpoché Samdup revienne.
Puntso, responsable du programme de Dhagpo
Merci à Bertrand, Jean-Louis, Sophie et Aurélie des retours qu’ils m’ont faits pour que je puisse rédiger cette chronique sur un enseignement auquel je n’ai pas pu assister.